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24 avril 2015

l'adieu

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L’heure avait sonné, le jour  que nous craignons  tous. Personne ne s’y attendait mais voilà que c’est arrivé : oncle Jean nous a quittés à l’âge de  cinquante ans. Il est mort d’un cancer au cerveau. Tante Jane en était toute  anéantie, quant aux cousins, Thomas, Clémence et Odile, ils étaient en état de choc. Une douleur plus cruelle que celle-là, il n’y en a pas sur terre. La plus à plaindre parmi les quatre était Odile, perdre son père à un si jeune âge c’était dévastateur pour elle. Je pensais qu’une séance de psychologie lui serait inévitable, la pauvre… L’annonce de ce terrible événement fut dite dans la journée par téléphone ou par mail. On en avait tous le cœur brisé tandis que d’autres refusaient encore cette évidence.

L’enterrement était prévu trois jours plus tard car durant ce temps délimité, il fallait organiser les funérailles, les discours et tout  ce qui va avec. Tante Jane et nos cousins, tout juste privés de leur père, furent soutenus par toute la famille qui, grâce au ciel, est une famille en or très unie.  On se serre  les coudes quoi qu’il arrive et c’est ce que nous faisions en ce moment-là.

L’enterrement allait se passer dans la petite ville de Chaudun en pleine campagne à une heure de route de Paris. Chaudun était par ailleurs la ville natale de l’oncle Jean. Nous respections ses dernières volontés.

Le jour de l’enterrement arriva enfin et toute la famille, amis et connaissances étaient là, habillés sur leur trente et un ou en tenue de deuil. A  la messe nous étions au total  800 personnes. Parmi tout ce monde là, il y avait les oncles, les tantes, les cousins, cousines, les grands oncles et tantes, les grands-parents et nos cousins éloignés. Nous étions vingt-six petits enfants entre 20 et 2 ans avec quatorze oncles et tantes. Une belle et grande famille. La première étape fut la mise en bière à laquelle seuls les adultes assistèrent. Cette étape était trop dure pour les plus jeunes, ce qui était tout à fait concevable. Un peu plus tard alors que tout le monde fut installé, la voiture des pompes funèbres arriva avec les fleurs et le cercueil qui furent posés devant l’autel.

Durant le temps des discours d’adieu, Alise ma jeune cousine de six ans avec un sourire bien innocent me demanda:

-       Gwenolé … pourquoi oncle Jean est dans une boite ? Pourquoi tout le monde pleure ?

Mes yeux s’agrandirent de stupeur. Comment pouvait-on poser une telle question à un tel moment ? Cependant la jeunesse et la naïveté  de ma petite cousine étaient pardonnables. A un certain âge, certaines choses nous dépassent et on a besoin de quelqu’un pour nous éclairer. Aujourd’hui c’était à mon tour de le faire.

-Ma   douce Alize, tu ne te rends pas compte de ce qui se passe, pas vrai ? Écoute moi bien, oncle Jean était malade ces derniers temps.

-Oui tante Emilie ma l’a expliqué.

- Eh bien, sa santé s’est détériorée. Et il y a trois jours, le cœur de Jean s’est arrêté de battre, il est monté au paradis. Aujourd’hui, on lui dit une dernière fois adieu avec plein d’amour. C’est aussi pour cela que tout le monde pleure, c’est difficile de dire au revoir.

A ces mots, Alize devint  toute pâle et pleura contre moi qui me mis à lui caresser doucement ses cheveux. Mon petit cousin Antonio qui était à côté de nous intervint les larmes aux yeux.

-       J’exige des preuves des preuves qu’il est…mort.

-       Antonio, sa maladie là emporté …

-       Non je veux rien entendre.

Et il se mit à pleurer, Oncle Jean était son oncle préféré.  Je le regardais désolée ne sachant qu’ajouter…

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A la fin de la messe toute la famille accompagna le cercueil jusqu’au cimetière.

Alors que nous l’enterrions avec quelques mots d’adieux et en mettant de la terre et de l’herbe de chez lui, je vis au loin mes petits cousins (Antonio, Claire, Adèle, Cécile et Guillaume) jouer entre les tombes. Ils jouaient en rigolant à pleine voix.

Ils avaient bien de la veine. Jouer là parmi les maisons des morts sans bien réaliser ce qui se passait vraiment…Ils avaient encore une longue vie devant eux. La vie leur réservera encore bien des surprises auxquelles ils ne s’attendront pas. Mais se souviendront- ils de leur oncle Jean qu’ils ont connu jusqu'à aujourd’hui ? Je ne suis pas si sûre…peut être est-ce mieux ainsi pour eux. Qu’ils profitent donc de cette innocence tandis que nous pleurons aujourd’hui notre oncle une dernière fois. Il doit être heureux là-haut.  Chaque fois que je ferme les yeux, je m’imagine Oncle Jean assis sur un nuage à nous regarder avec un regard bien veillant. Tu vas me manquer.

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